Décubitus - Lorsque subitement le cheval ne peut plus se lever

De Reitsport

reitsport_05848_18289_600x600.jpg

Vendredi dernier, j’ai eu le souffle coupé quand j’ai vu mon cheval âgé couché comme une tortue en détresse (sur le dos) sur le sol de l’écurie.

La petite différence avec les tortues réside dans le fait que dans la plupart des cas elle peut se retourner toute seule, alors que Special n’aurait pas pu se sortir tout seul de cette situation.

Comment procéder si un cheval est bloqué ?

 

Définition du décubitus

Le décubitus survient quand le cheval ne peut pas se lever, ce qui ne semble pas trop dramatique au premier abord, mais peut avoir de très graves conséquences. En effet, les chevaux sont trop lourds pour rester longtemps dans la même position sans subir de dégâts.

Si les chevaux restent immobiles pendant longtemps dans une position non naturelle, il encourt en outre le risque de se pincer les nerfs dans des zones non protégées et de s’enflammer les muscles. Par ailleurs, vous ne devez pas de suite forcer le cheval à se lever car cela pourrait entraîner une détérioration de son état de santé.

 

Raison du décubitus

Lors d’un décubitus mécanique, le cheval n’est pas en mesure de se tenir debout car:

  • la position du cheval empêche la montée (trop près du mur du box ou de l’écurie, chute dans la remorque)
  • il est tombé sous ou sur un obstacle (si le cheval reste accroché dans la clôture quand il se retourne)
  • si le sol s’est dérobé sous ses pieds (le cheval fait s’effondrer une passerelle en bois abîmé ou reste couché plus ou moins sur le dos après être tombé dans un fossé).

 

 

Premières mesures

En attendant que les secours ou même le vétérinaire arrivent avec le matériel, vous pouvez soulager le décubitus en prenant les mesures suivantes :

  • en été, installez un dispositif permettant de garder à l’ombre les chevaux coincés en plein soleil. (tendre une bâche, amener un véhicule mettant à l’ombre le cheval). en hiver, en cas de froid glacial, ils doivent être recouverts afin d’assurer une bonne régulation de la température.
  • Les zones exposées à la pression doivent être « rembourrées » de paille ou de couvertures.
  • Les équipements (selle, bride, etc.) doivent être desserrés ou enlevés si possible.
  • Les plaies ouvertes doivent être soignées d’urgence.
  • Afin de pouvoir maîtriser votre cheval en toute sécurité en cas d’effort soudain, il est recommandé d’installer un licol avec une rêne longue ou une longe sur le cheval.
  • Calmez votre cheval du mieux que vous pouvez :

Les chevaux victimes de décubitus mécanique sont souvent très agités et essayent de se sortir de leur position désagréable en se tortillant, en frappant et en roulant.

Cela peut être dangereux pour le cheval (circulation, blessure) et les soignants (coups de pieds) et compliquer les tentatives de libération.

En tant que propriétaire/soignant, il est conseillé de rester calme et de ne pas paniquer. Si possible, une personne de confiance et de référence pour le cheval doit rester auprès de lui et l’apaiser en lui parlant ou en le caressant. Certaines techniques de massage peuvent également avoir un effet relaxant ou apaiser la douleur. L’administration de gouttes d’urgence (Rescue Remedies) de la thérapie des fleurs de Bach peut être recommandée pour le cheval (et aussi pour l’être humain).

Toutes les mesures mentionnées ci-dessus ainsi que les tentatives de libération doivent toujours être effectuées dans le champ de vision du cheval afin qu’il ne soit pas surpris. Dans les cas les plus compliqués, une sédation est nécessaire après concertation avec le vétérinaire.

 

Le sauvetage

Si le cheval se retrouve sous une clôture en se roulant par terre, il est conseillé de démonter la clôture.

En cas de chute dans la remorque, la paroi intermédiaire peut être retirée.

Si le cheval se trouve devant un obstacle ou dans un obstacle impossible à retirer, le cheval doit être déplacé.

Si le cheval est bloqué dans un coin du box ou devant une paroi de l’écurie, il suffit souvent de tourner le cheval de l’autre côté. Pour cela, on fixe des cordes aussi épaisses que possible - les longes conviennent aussi en cas d’urgence - aux paturons avec des boucles avec des œillets bloqués (faites attention ici aux coups de sabots), à l’aide desquels plusieurs personnes peuvent tourner le cheval de l’autre côté en le tirant.

Si le cheval est en sécurité, il faut généralement faire vérifier par un vétérinaire qu’il ne présente ni blessure, lésion nerveuse ou fracture. Des perfusions peuvent également être nécessaires pour éviter une choc circulatoire en cas de décubitus trop long.

 

Les conséquences du blocage

  • Endommagement des organes internes causés par le propre poids du cheval.

En fonction de la situation et de la position du corps du cheval, le risque est plus ou moins élevé. Si le cheval est couché sur le dos, comme cela peut être le cas lors d’une chute dans un fossé étroit ou un puits, les viscères exercent une pression plus forte sur le cœur et les poumons que dans une position latérale devant une paroi ou sous un obstacle. Si en raison de la mauvaise position de son corps, le cheval réduit encore l’espace dans son ventre, la pression sur les organes augmente.

  • Les symptômes de paralysie dus aux voies nerveuses et aux muscles enflammés

Les nerfs au niveau de la tête et des jambes sont particulièrement exposés car ces zones ne sont pas protégées et peu « rembourrées » par des muscles, tout comme les nerfs et les muscles de la zone du dos en cas de rotation du corps. Les symptômes de paralysie peuvent être temporaires, mais peuvent également provoquer des dommages irréparables.

  • Blessures et épuisement jusqu’à une insuffisance cardiaque en cas de tentatives de libération. Les chevaux nerveux sont particulièrement exposés au danger car ils cèdent rapidement à la panique.

Le risque de dommages est ainsi d’autant plus important que plus le blocage dure, plus la position du cheval est mauvaise et plus celui-ci sera agité.

 

Contrôles réguliers à l’écurie

Des contrôles fréquents dans l’écurie et les pâturages ne pourront pas empêcher les blocages mais minimiseront leur durée et, par là même, la gravité des conséquences pour le cheval.

 

Ce qu’il ne faut pas faire

... et revenons ici à mon cas actuel. Special s’est tout de suite rendu compte (heureusement) qu'il ne pourrait plus se libérer de lui-même et est resté calme. Un autre cheval de notre écurie s’était retrouvé bloqué et avait complètement paniqué. Il s’était sévèrement foulé un ligament de la jambe.

J’étais donc paniquée de nouveau vendredi et j’étais très contente que Michel soit là ! Il a tout de suite agi. (mais merci de ne pas le refaire chez vous ;-) Il est allé vers Special et a tenté de l’écarter du mur en le tenant par les bras. Comme cela n’a pas marché, il l’a soulevé au niveau de la cage thoracique pour le mettre de l’autre côté. Special a ensuite réagi et s'est entièrement retourné jusqu'à ce qu'il puisse se relever.

Après cela, Special lui était visiblement reconnaissant ! Et je suis satisfaite que tout le monde ait survécu à cela en bonne santé. Pour Michel, c’était une marque de confiance importante et risquée.